Géraud Soulhiol

« La Sphère » (série « En Approche »), graphite sur papier, 20 x 20 cm en carré sur pointe, 2023
Marcher les paysages de géraud soulhiol
«Marcher les causses, les terres, les plaines, marcher le long des résurgences,
grimper les igues, descendre dans les grottes avec Géraud Soulhiol et sentir ses dessins en retour.
Délocaliser, relocaliser, géolocaliser, comme une focale que l’on règle.
Inspirer et expirer, arpenter cette côte au rythme interne du souffle, et alors défilent sous nos pieds
des variations de couleurs, de terres, de pierres, des formes géométriques foulées, parfois scrutées
à la recherche d’un fossile. Un pied devant l’autre, un pied après l’autre, éviter les obstacles,
sentir quand ça glisse, incliner, décaler, ralentir, accélérer et voir défiler le tapis de feuilles ocres
qui bientôt sera noir humus. Une chaleur qui monte, le deuxième souffle qui est arrivé
et comme un état second d’enchainement de couleurs, de formes, de flous
et de précisions contrastées au bruit des feuilles et des branches que l’on pousse.
Un calme assourdissant.
Une fois arrivés en haut de cette côte, l’apparition du point de vue.
Horizon, recomposition d’éléments, de couleurs, de formes. Du micro au macro,
du détail au surplomb. Les poumons se remplissent puis se vident. On est localisés.
On est cette petite goutte rouge de google earth. Le changement d’échelle
qui ouvre sur l’infini.
Quelquechose du haiku avec ce monde de détails contenus dans une sous-tasse.
L’apparition divine de la trompette de la mort.
Dans les bois de Saint-Céré, les dessins sentent fort l’humus de la forêt
et les heures glanées de quête sur internet.
Des sorties de grottes comme des ondes, les vibrations de la cavité. Le motif intérieur
proche de la 3D. Une surface profonde, la poésie révélée d’un satellite, « qui se fait voyant
par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.*»
Julie Karsenty
*Arthur Rimbaud Lettre à à P. Demeny, 1871


